ECOS DO MOSTEIRO DE NOVY DVUR

 

Échos de Nový Dvůr  Solennité du Christ Roi 2020

Chers amis, Puisque vous avez reçu des nouvelles de Nový Dvůr en septembre, nous ne comptions pas vous écrire avant janvier 2021 : le courrier (postal et électronique) est encombré au moment de Noël et vous savez que nous prions pour vous, même quand nous ne vous écrivons pas. L’actualité nous pousse cependant à partager avec vous quelques réflexions pour vous soutenir. Les temps sont rudes. L’hiver arrive, avec son lot de rhumes et de grippes, et la crainte que le moindre éternuement soit le signe de la maladie redoutable ! Nous avons conscience d’être des privilégiés : nous menons une vie presque normale, sans masque, dans la nature splendide qui entoure le monastère. Ne doutez pas que les moines, presque à toute heure, pensent à vous et prient pour vous. Comment les frères réagissent-ils aux événements actuels ? Le plus simple est de vous livrer leurs réactions. Après la conférence pleine de bon sens d’un ami prêtre du diocèse sur la pandémie, un jeune frère a pensé : « Je retiens trois points. Le premier : il y a des gens qui sont malades et qui souffrent, certains meurent, nous devons prier pour eux ». On peut ajouter : « Oui, malades de la pandémie, ou bien du cancer, ou d’autres maladies, ceux qui sont affaiblis par la vieillesse ou souffrent de l’isolement, du chômage, de la précarité et de quantité d’autres maux, comme les addictions mortifères : la dépendance aux drogues, aux technologies numériques, l’abus des réseaux sociaux, la fuite dans les mondes virtuels, la pornographie…. N’oublions personne ! » Puis : « Deuxième point : les gens ont peur, nous devons prier pour eux ». On doit ajouter : « …et résister nous-mêmes, spirituellement, à cette peur ! » « Enfin, troisième point : les chrétiens sont empêchés de mener une vie chrétienne normale. Nous qui vivons normalement devons agir en leur nom ». Un autre frère, plus âgé, disait le même jour, de manière plus lapidaire : « Il faut vivre ! » Sans prendre directement parti, nous constatons avec bienveillance les réactions de chrétiens qui résistent, en France et dans notre pays, à l’impossibilité de participer à la messe, et nous soutenons par notre prière les évêques dont les responsabilités sont particulièrement lourdes. Sans oublier le personnel soignant, ceux qui gouvernent et ceux qui nous informent… Les décisions à prendre divisent. Les meilleurs amis s’opposent sur des arguments contradictoires. La peur est mauvaise conseillère. Il est peut-être temps de relire la fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés […] Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. » Ou, mieux, le psaume 90 que les moines chantent à complies, par cœur, tous les soirs : « Il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge : sa fidélité est une armure, un bouclier. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche vole au grand jour, ni la peste (Covid) qui rode dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi. » J’espère vous avoir encouragés en parlant de ces choses graves sur un ton enjoué. De tout cœur avec vous ! Bon Avent, et déjà joyeux Noël, fr. M.-Samuel, abbé de Nový Dvůr