Flandre : les professionnels de la santé impliqués dans des IMG largement favorables à l’euthanasie néonatale
Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté
Publié le : 25/08/2020
Auteur / Source : C. du Bus
9 professionnels sur 10 impliqués dans des avortements pour raison médicale en centre pour soins intensifs néonataux en Flandre estiment que pour les nouveau-nés « présentant un état de santé grave, dans certains cas, il est acceptable de mettre activement fin à leurs jours ». 88% de ces professionnels pensent que la loi devrait être modifiée de façon à permettre un tel geste.
Une première étude réalisée par le groupe de recherche End of Life Research Group rattaché à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), avait interrogé les médecins et infirmiers en néonatologie sur leur opinion par rapport à l'euthanasie des nouveau-nés. (Voir Bulletin de l'IEB)
Dans cette deuxième étude publiée le 2 août 2020, le groupe de recherche a interpellé cette fois-ci des professionnels de la santé impliqués non pas en néonatologie, mais dans des interruptions tardives de grossesse (après 22 semaines) pour raison médicale chez la mère ou l'enfant. Ces professionnels étaient actifs dans 8 centres en Flandre exclusivement (donc ni à Bruxelles, ni en Wallonie). Outre les soins intensifs néonataux, ces centres pratiquent aussi des interruptions médicales de grossesse.
A la question de savoir si, dans le cas où le foetus est atteint d'une maladie mortelle, il fallait préférer le foeticide (dans le cadre d'une interruption médicale de grossesse) aux soins palliatifs (qui seraient procurés au nouveau-né si on le laisse naître), 58% ont répondu par l'affirmative, et 36% sont restés neutres. La proportion préférant le foeticide est encore plus élevée dans le cas où le foetus est atteint d'une maladie « grave » et non mortelle : 66% se positionnent alors en faveur du foeticide. La perspective d'une vie gravement touchée par la maladie ou le handicap paraît donc moins acceptable encore que celle d'une vie qui sera rapidement abrégée par la maladie.
Il faut souligner que ces professionnels sont tous nécessairement impliqués dans des interruptions médicales de grossesse (IMG) tardives, c'est-à-dire des foeticides sur des foetus ayant dépassé le seuil de viabilité (22 semaines). En cela, leur opinion favorable à l'euthanasie des nouveau-nés gravement malade est moins étonnante. On comprend ici que c'est la même logique qui nourrit les IMG et les euthanasies néonatales : face aux souffrances que laisse présager la maladie de l'enfant, le corps médical estime que la vie de cet enfant ne vaut pas la peine d'être poursuivie. En revanche, la première étude avait montré que parmi les professionnels actifs en néonatologie, une proportion plus faible - mais néanmoins importante - s'était montrée en faveur de l'euthanasie néonatale dans certaines circonstances (60% des néonatologues et 74% des infirmiers en néonatologie).
Notons toutefois que la quasi-totalité des professionnels interrogés estime qu'il faut parler des soins palliatifs néonataux aux parents qui attendent un enfant atteint d'une maladie mortelle ou grave.
Enfin, trois quarts des professionnels ayant répondu à l'enquête pensent que les cas d'IMG devraient être enregistrés systématiquement par la Commission de contrôle et d'évaluation de l'interruption volontaire de grossesse, ainsi que les indications pour lesquelles l'IMG a été pratiquée. Il est en effet notoire qu'une petite proportion seulement des IMG est déclarée auprès de la Commission. La plus grande partie des IMG ne sont pas déclarées et donc pas comptabilisées dans le nombre officiel d'avortements en Belgique.
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