domingo, 14 de março de 2021

Homélie du Dimanche Laetare (par l'Abbé Hygonnet, curé de la paroisse des Minimes - Bruxelles)

Bien chers Fidèles, 

Nous parvenons aujourd'hui au IVè dimanche de Carême, qui constitue liturgiquement la «Mi-Carême». 

Après ces premières semaines où l’âme poursuit ses résolutions, l’Eglise Mère et pédagogue ayant rappelé à l’âme d’être exigeante et énergique dans sa réforme de vie, après avoir insisté sur le combat spirituel que malheureusement l’âme a une tendance persistante, récurrente même, à laisser de côté, l’Eglise donc n’oublie pas que la vie chrétienne est la VERTU, et non pas le Sacrifice ; et spécialement la Vertu de CHARITE, qui constitue l’Amour pour Dieu et pour le prochain. 

Sacrifice n’est pas Charité.
Combat spirituel ne s’identifie pas à « sainteté ».
Vie d’efforts ne s’identifie pas non plus à « Vie chrétienne ». 

Ce que l’Eglise enseigne, c’est qu’il n’y a pas de vie chrétienne sans maitrise de la chair, des passions et de l’orgueil.
Chair, passions et orgueil, en effet, gênent et sont autant d’obstacles au développement de la Vie chrétienne, parce qu’en l’âme se trouvent les conséquences du Péché Originel, certes effacé de l’âme par le Baptême, sans toutefois que ses séquelles aient été annulées. Ces séquelles, ce sont les défauts, les vices piaffant qui continuent à sévir dans l’âme et à tenter le Chrétien. 

Contre ses défauts ou vices, chacun doit travailler à leur mortification, c’est-à-dire à un combat qui ne prétend pas détruire, mais réduire à l’impuissance ces tentations provenant de l’intérieur de soi, et ennemis de l’âme.
Ainsi, l’ennemi est toujours présent, mais il est maitrisé. 

On dit à juste titre que la vertu est une force ; c’est du reste l’étymologie du mot (virtus, en Latin = force).
Une âme vertueuse ne coule donc pas de beaux jours bien tranquilles, mais maintient sa ferveur et sa pureté malgré les batailles contre ses défauts, qu’elle a apprises à gagner, habituellement et sans trop de risque de lourdes chutes.
Voilà pourquoi l’âme ne sera vraiment sauvée qu’au jour de la mort : le réveil des vices demeure toujours possible. 

Aujourd’hui donc, l’Eglise rappelle à ses Fidèles les bienfaits de la détente et d’une sorte de récréation au milieu des efforts. Cette récréation est importante, au moins pour deux raisons : 

1. D’abord parce qu’à l’évidence la psychologie humaine a besoin de pauses et de relâchement dans le cours de ses efforts, quels qu’ils soient. Par exemple, le sportif qui s’entraine solidement ne peut mener ses exercices et améliorer ses performances sans trêve ni repos. Le repos lui est nécessaire et il est bon pour assurer son progrès. Sans quelque pause, la tension et les efforts finiraient par épuiser, forcer à l’excès ses capacités et deviendraient contre-productifs. 

Il en va analogiquement des efforts et exercices spirituels. Une certaine récréation, une forme de tempérance dans l’effort est favorable au progrès spirituel, tout simplement parce que «combat spirituel ne s’identifie pas à sainteté» (cf. ci-dessus). 

Alors, l’Eglise dit à ses Fidèles, en cette «Mi-Carême liturgique» : reposez-vous un peu, comme Jésus le dit à ses Apôtres, après que ceux-ci ont parcouru deux par deux toute la région : «venez à l’écart et reposez-vous un peu» (S. Marc VI, 31). 

2. Et puis parce que la vertu ne s’évalue que lorsqu’elle n’est pas tout-à-fait contrainte, mais au contraire laissée à quelque liberté. 

En effet, la vertu n’est pas une faiblesse corsetée dans une discipline, mais bien une "force". Certes, la force de la vertu est éduquée et développée par le corset des efforts, mais le but est bien qu’elle soit forte, à la manière d’un membre fracturé : il est plâtré pour qu’il se recolle et se consolide, en vue d’ôter le plâtre une fois la fracture résorbée : car à ce moment, le membre est à nouveau fort, solidifié. 

Le plâtre du combat spirituel sera toujours nécessaire en ce sens qu’il ne sera jamais ôté purement et simplement ici-bas : car l’âme demeurera toujours d’une vulnérabilité préoccupante.
Toutefois, l’Eglise estime qu’ôter un peu le plâtre permet d’évaluer le niveau de robustesse et de force de l’âme. 

Aujourd’hui donc est un jour de Liberté, au sens chrétien du terme, selon l’enseignement de l’Evangile de ce IVè dimanche de Carême. Moins contrainte, l’âme est davantage prête à goûter des délassements et des joies de bon aloi. 

N’ayons pas peur : la Liberté est un véritable apanage de la vie chrétienne autant qu’humaine. 

Très souvent, l’âme en a peur, car elle a trop fait l’expérience du mésusage de cette liberté, si souvent et si facilement corrompue en relâchement dans la vigilance, et en compromission -voire pire- avec le péché. 

De même, le malade appréhende les moments où il commence à marcher sans plâtre, sur sa jambe jadis fracturée. Toutefois, il vainc sa peur et pose le pied par terre. Sa marche n’est alors pas tout-à-fait libre ni parfaite, mais elle va mieux, même si elle devra encore être aidée d’une canne, d’une prudence accrue, ou que l’on devra limiter et surveiller la marche. 

L’âme vertueuse est une âme renforcée à l’égard des tentations qui sont les siennes, une âme - en partie du moins - libérée des chaînes du péché. 

Marchons dans la joie aujourd’hui ; rendons grâces pour les efforts déjà accomplis et les progrès obtenus, par grâce divine.
Demain, nous remettrons le plâtre et nous nous appliquerons à des efforts quadragésimaux renouvelés et quotidiens.
Ils constitueront la seconde partie de notre préparation à Pâques, pour y arriver avec une âme encore (un peu) plus forte. 

Je me réjouis avec vous de la Fête de Saint Joseph, ce vendredi, homme très fort et très pur, non parce qu’il fut sans tentation ni doute mais parce que sa robustesse à se tenir au service divin ne fut jamais prise en défaut. Joseph mortifié, Joseph dans la joie de son Dieu. 

Je reste particulièrement vôtre pour la deuxième partie de ce beau Carême, où Dieu Se laisse volontiers trouver. 

In Christo Rege,
Hervé Hygonnet 



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