S. Augustin y explique que la joie naît de la vérité ; que le refus de la vérité engendre la haine : c’est spécialement le cas quand la vérité contrarie l’opinion ou les coutumes d’une vie et que l’homme rejette alors cette vérité comme une « amie importune ».
«Il n'est donc pas certain que tous veuillent être heureux, puisque ceux qui ne veulent pas se réjouir de toi, et c'est la seule vie heureuse qui soit, ne veulent pas vraiment la vie heureuse. Ou peut-être le veulent-ils tous, mais, parce que la chair convoite en sens inverse de l'esprit et l'esprit en sens inverse de la chair, en sorte qu'ils ne font pas ce qu'ils veulent ils retombent dans ce qu'ils peuvent et s'en contentent, car ce qu'ils ne peuvent pas, ils ne le veulent pas autant qu'il faut pour le pouvoir. En effet, je leur demande à tous s'ils préfèrent se réjouir de la vérité plutôt que du mensonge. Ils n'hésitent pas plus à dire leur préférence pour la vérité, qu'ils n'hésitent à dire leur volonté d'être heureux. C'est que la vie heureuse est la joie née de la vérité car c'est la joie née de toi, qui es la vérité, ô Dieu, ma lumière, le salut de ma lace, mon Dieu ! Cette vie heureuse, tout le monde la veut; cette vie qui seule est heureuse, tout le monde la veut; la joie de la vérité, tout le monde la veut. J'ai connu bien des gens qui voulaient tromper; mais être trompé, personne. Où donc ont-ils pris connaissance de cette vie heureuse, sinon là même où ils ont pris connaissance de la vérité ? Car ils aiment aussi la vérité elle-même, puisqu'ils ne veulent pas être trompés; et, lorsqu'ils aiment la vie heureuse qui n'est pas autre chose que la joie de la vérité, ils aiment évidemment aussi la vérité et ils ne l'aimeraient pas, s'ils n'avaient d'elle quelque notion dans leur mémoire. Pourquoi donc ne se réjouissent-ils pas en elle ? Pourquoi ne sont-ils pas heureux ? C'est que d'autres choses les accaparent plus fortement et les rendent plus malheureux que ne les rend heureux le faible souvenir de la vérité. Il y a encore, en effet, un peu de lumière sur les hommes; qu'ils marchent, qu'ils marchent de peur que les ténèbres ne les saisissent.
Mais pourquoi la vérité enfante-t-elle la haine, et l'homme qui est tien devient-il un ennemi pour eux en prêchant la vérité, puisqu'on aime la vie heureuse qui n'est autre chose que la joie de la vérité Pourquoi sinon parce qu'on aime la vérité de telle façon que ceux qui aiment autre chose veulent que ce qu'ils aiment soit la vérité; aussi, parce qu'ils n'admettraient pas de se tromper, ils n'admettent pas d'être convaincus qu'ils se sont trompés. C'est ainsi qu'ils haïssent la vérité à cause de cette autre chose qu'ils prennent pour la vérité et qu'ils aiment. Ils aiment la vérité quand elle brille, ils la haïssent quand elle accuse; car, ne voulant pas être trompés et voulant tromper, ils l'aiment quand elle se signale, elle, et la haïssent quand elle les signale, eux. Voici comment elle les rétribuera ils ne veulent pas qu'elle les dévoile, elle les dévoilera sans qu'ils le veuillent, et elle-même pour eux restera voilée. Voilà, voilà, oui voilà l'esprit humain! Oui le voilà, aveugle et sans vigueur, honteux et sans honneur, qui veut rester caché mais ne veut pas que rien lui reste caché ! Il est payé à rebours : lui-même ne reste pas caché à la vérité, mais à lui la vérité reste cachée. Pourtant, tel que le voilà, misérable comme il est, il aime mieux trouver sa joie dans le vrai que dans le faux. Il sera donc heureux lorsque, tout embarras cessant, celle-là même par qui tout est vrai, la seule vérité, fera sa joie.»
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