S comme sommeil

 

S comme sommeil

 

En des temps où notre société, et notamment notre jeunesse, ne brille ni par l’équilibre ni par le bon sens, la sagesse pratique de la Règle nous offre de précieux rappels même sur un point aussi basique que celui du sommeil. Plusieurs évidences guident le réalisme de saint Benoît en ce domaine. Tout d’abord, la quantité de sommeil est une question directement liée à la vertu de prudence (Règle, chap. 8), chose qu’il est bon de redire à une heure où le burn-out est une réalité tristement à la mode. De plus, saint Benoît n’aime pas les moines «somnolents» (chap. 4). Il commence donc par donner à ses moines un temps de sommeil suffisant. Sain réalisme ! On ne peut pas bien vivre ce que l’on a à vivre si on est continuellement fatigué et, à de rares exceptions près, le manque habituel de sommeil n’a jamais conduit à la ferveur mais au déséquilibre, voire à l’effondrement. Ensuite, saint Benoît fixe un principe simple et non négociable : il y a une heure pour se coucher et une pour se lever ! La question du temps de sommeil est donc en partie une affaire de discipline personnelle et non pas d’abord d’état de vie. Le moine a, soyez-en sûrs, comme vous tous, la tentation de faire mille choses plus ou moins intéressantes ou urgentes au moment où il serait raisonnable d’aller se coucher ! Notez aussi que, chez saint Benoît, le lever est énergique. Traîner au lit ? Connaît pas ! Si le moine se repose, c’est pour être d’attaque pour son devoir d’état dès le réveil. Enfin, il y a un temps où une certaine pénitence en matière de sommeil peut être tout à fait propice, c’est celui du carême (chap. 49). Le temps ainsi gagné sera mis au profit, non pas d’Internet, mais de la vie d’union à Dieu : lecture spirituelle, prière… Au final, on est presque gêné d’avoir rappelé de telles évidences. Mais une question demeure : chez vous, chers amis, comment ces évidences sont-elles vécues ?! La prochaine fois, T comme Travail.

 Fr. Ambroise OSB – Monastère de Notre Dame de La Garde