Les obstacles à la Vie intérieure

Les obstacles à la Vie intérieure (1ère partie)

- Le péché

Le péché mortel tue la vie de la grâce en nous, en raison de l’offense à Dieu. Nous le savons bien. Et l’âme intérieure sait plus qu’aucune autre le prix de cette vie. Aussi fait-elle tout ce qui est en son pouvoir pour éviter de la perdre… ou pour la retrouver au plus vite s’il lui arrive de tomber.

Néanmoins, une tiédeur dans laquelle l’âme s’installe, celle des péchés véniels délibérés, est d’une certaine manière un obstacle plus redoutable à la vie intérieure.

Pourquoi ?

C’est que l’âme s’y enlise plus ou moins inconsciemment, sans toujours mesurer le poids de ces infidélités répétées. En effet, si ces péchés véniels sont volontairement entretenus, ils vont empêcher l’âme d’avancer. Péchés mignons sans importance ? Saint Jean de la Croix nous met en garde :

« Il est indifférent qu’un oiseau soit attaché d’un fil ténu ou gros, car si ténu soit ce fil, tant que l’oiseau ne l’aura pas rompu, il restera attaché et ne s’envolera pas : ainsi en sera-t-il de l’âme attachée à quelque chose, cette chose fût-elle minime. » (Propos de Lumière, n°161)

Demandons à Dieu la grâce de voir quel est notre défaut dominant, quel est le secret attachement qui nous retient dans notre don total à Dieu…

- L’amour-propre

L’orgueil est partout. Il corrompt toutes nos actions, même sous les plus nobles prétextes; la quête de la sainteté, l’exercice de la vertu, la prédication… Coupez une tête de cette hydre, il en repousse aussitôt d’autres avec plus de vigueur.

« C’est une chaîne qu’aucune lime n’entame », remarque sainte Thérèse d’Avila (Vie 31, 20)

N’y a-t-il donc aucun remède ? Nous avons déjà parlé de l’esprit d’enfance, qui est le meilleur antidote à l’orgueil. Voici en outre quelques conseils :

• Accepter ses imperfections « et que les autres nous y surprennent ». (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Conseils et Souvenirs chap. II)
• Accepter les épreuves par lesquelles Dieu va purifier en profondeur notre vanité, notre égocentrisme
• Savoir rire de soi, ne pas se prendre trop au sérieux
• Enfin, et c’est peut-être le meilleur moyen, offrir à Dieu notre pauvre orgueil, si ridicule en fin de compte

Relevons une forme particulière d’orgueil, qui guette ceux qui sont avides de Vie intérieure : l’orgueil spirituel. L’âme se replie sur elle-même, dans une complaisance malsaine. Suivons au contraire le conseil de Dom Chapman :

« Nous ne devrions pas concentrer notre attention sur notre propre vie spirituelle, mais penser à Dieu et aux autres. Une mère ne pense pas à l’amour qu’elle a pour son enfant, elle pense à son enfant. Ainsi devons-nous penser à Dieu, et non à notre amour pour Lui. » (Lettre 72, du 15 juin 1922)

Extrait de Découvrir la Vie Intérieure,
par un Moine bénédictin (Éd. Sainte Madeleine 2012)