quarta-feira, 18 de março de 2020

« Jésus chassait un démon ; et c’était un démon muet. Or, quand Il eut chassé le démon, le muet parla et les foules s’émerveillèrent »

Cher Fidèle,

Je me suis déjà permis d’insister sur l’absolue nécessité de vivre habituellement en état de grâce, et si par malheur l’âme le perd par le péché mortel, sur l’urgence non moins absolue de le retrouver par une bonne confession, au plus vite ; ajoutant que l’âme peut s’appuyer sur la confession fréquente ; qu’elle doit s’appuyer sur elle.

Il faut aller plus loin et traiter un peu la façon dont on doit se confesser, pour en tirer un fruit meilleur.

En effet, la plupart des pénitents pensent que l’essentiel de la confession tient dans l’accusation complète de ses péchés, par le moyen d’une liste la plus exhaustive possible.
Penser cela, c’est comprendre de manière partielle le grand Sacrement de Pénitence.
En effet, la confession est pour l’essentiel le mouvement de l’âme se reconnaissant elle-même pauvre pécheresse, qui tire de cette constatation une douleur intérieure. Elle en est peinée :
- soit parce que ses péchés lui font craindre les souffrances du Purgatoire ou de l’Enfer, selon que ses péchés sont véniels ou mortels (contrition imparfaite),
- soit parce que la conscience de ses péchés la désole au regard de l’Amour gratuit, premier et parfait de Dieu ; au regard de Jésus en croix, Auquel elle clame intérieurement « Seigneur, c’est moi qui Vous ai attaché à la Croix ! »
Il s’agit alors d’une contrition parfaite, parce que le motif de regretter ses péchés est l’Amour de Dieu, l’Amour pour Dieu, pour ce Dieu dont l’Amour consiste  « non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. » (Ière Epitre de S. Jean IV, 10).

Si la contrition imparfaite suffit pour recevoir validement l’absolution sacramentelle et donc le pardon de Dieu, la disposition intérieure de l’âme sur laquelle agit le pardon est moyennement fertile, moyennement féconde.
Si au contraire la contrition est parfaite (disons : aussi parfaite que possible), alors l’âme regrette par amour et le pardon du Bon Dieu suscite une ample générosité de l’âme pour se bonifier, et pour consentir des efforts plus déterminés afin de se corriger.
Le Sacrement de Pénitence donne des fruits meilleurs et plus concrets, après la confession, si la contrition est la plus parfaite possible, si donc les motifs de regret sont les plus désintéressés et aimants possible.

En préparant votre confession, veillez à méditer  non seulement sur les châtiments que vos péchés vous méritent, mais aussi sur l’ingratitude cruelle que vous manifestez en offensant Dieu et en Lui faisant de la peine.

A un enfant faisant sa première confession le confesseur demanda :
- le Bon Dieu vous a-t-Il déjà fait du mal ?
- non ! répondit l’enfant.
- vous a-t-Il déjà fait de la peine ?
- non ! répondit l’enfant.
- alors, poursuivit le confesseur : pourquoi est-ce vous, vous faites du mal et vous Lui faites de la peine ?
L’enfant saisit intensément l’injustice du péché à l’égard de Dieu.
Il regretta profondément, pour de nobles motifs, ses péchés.
Sa contrition était plus parfaite que s’il avait dû dire « oui, pardon Jésus parce que j’ai peur d’être puni par Vous parce que Vous êtes juste et que j’ai fait des péchés. »
Les fruits de la contrition pour de nobles motifs d’amour sont, à l’évidence, meilleurs, et produisent des progrès plus réels et plus profonds dans la vie chrétienne.

D’autre part, beaucoup de pénitents se plaignent de ne guère progresser malgré leurs confessions régulières et consciencieuses ; et que le confesseur ne leur dit « pas grand’chose ». Ils trouvent que les avis du confesseur ne leur servent pas beaucoup, et ne les aident guère pour accomplir des progrès.

Or, « les avis du confesseur sont souvent aussi éloquents que l’accusation des pénitents ».
Expliquons :
Les pénitents qui se plaignent de ce genre de « pauvreté » de la part du confesseur souffrent généralement eux-mêmes d’une pauvreté en matière d’accusation. L’accusation de leurs péchés consiste souvent en une liste de tendances mauvaises et générales, sans précision, évasive.
Or, en confession on doit accuser des actes mauvais, pas des tendances générales et en quelque sorte informes, n’indiquant ni la fréquence ni aucune circonstance.
Les péchés sont des actes ; ils sont commis dans une circonstance particulière, comme tout acte, et selon une fréquence moyenne.
Cette fréquence, ces circonstances sont de précieuses indications sur le péché, sa commission, son enracinement dans l’âme.

Il faut en réalité que le pénitent s’applique à une accusation circonstanciée, qui découvre le milieu, le terreau dans lequel naissent les péchés.
L’accusation ne consiste donc pas en une liste de généralités sans forme, mais à accuser les péchés dans leurs contours et leur milieu de naissance, leur fréquence, leur profondeur d’enracinement dans l’âme.
Il ne faut pas faire mine de croire que « le confesseur comprendra bien, devinera, etc. »
Il ne faut pas non plus dire qu’on doit avouer le minimum, parce que cela au fond ne regarde pas le confesseur.
Celui-ci, en effet, n’est pas un « voyant extra-lucide » !

Certes, le Seigneur donne des lumières spéciales au confesseur pour comprendre les âmes et discerner les remèdes efficaces aux péchés ; certes le confesseur est aidé par l’Esprit Saint et par la grâce sacerdotale, par son expérience du confessionnal et par sa propre ferveur.

Il y a même des confesseurs extraordinaires, au discernement quasi surnaturel, tels que le S. Jean-Marie Vianney ou le S. Padre Pio.
Toutefois, cela demeure rare.
Pour sa part le pénitent doit comprendre que c’est en dévoilant honnêtement son « profil de pécheur », donc la situation réelle de son âme en matière de péché, qu’il recevra des conseils mieux ajustés et plus pertinents ; le pénitent doit comprendre que plus explicite sera son ouverture de cœur pour se montrer tel qu’il est en réalité, plus les avis du confesseur lui seront adaptés et l’aideront pour mieux vivre à l’avenir, car ces conseils reçus au confessionnal seront mieux ajustés, et l’âme sera mieux guidée pour accomplir des progrès plus faciles généralement, et surtout plus tangibles.

Dévoiler avec humilité et justesse l’état des lieux de son âme, pour que les travaux de restauration soient plus réussis.

Lorsqu’on se rend chez son médecin parce qu’on souffre, il est bien nécessaire d’expliquer les symptômes, leur fréquence, leur acuité, leur ancienneté, l’endroit précis où l’on a mal.
Comment le médecin pourrait-il comprendre son malade, si celui-ci demeure muet ou évasif ? Impossible.
Semblablement –sauf confesseurs d’exception sur lesquels il ne faut pas compter- le pénitent qui n’explique pas les symptômes des maux dont souffre son âme ne peut attendre légitimement des avis et des remèdes bien adaptés à lui.

Spécialement pendant le Carême, on soignera donc pour ses confessions la qualité de sa contrition - la plus parfaite possible - et la qualité de son accusation (qui doit être comme une photographie de l’âme au moment où elle se confesse).
De l’une et de l’autre dépendent en grande partie la générosité dans la recherche du progrès et la justesse dans le choix des moyens à prendre pour le progrès.
Or il faut progresser à la fois avec énergie et dans la bonne direction.

Je vous souhaite que Jésus chasse le démon muet de votre âme : celui qui, à l’approche de la confession, la fait se dépêcher pour s’y préparer, et gâche la qualité de la contrition qu’elle aura ; et qui lui chuchote de ne dire que le strict minimum en restant dans le vague.

Abbé Hervé Hygonnet, FSSP

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