domingo, 2 de março de 2025

Pour quelle raison le carême est-il un temps liturgique précieux ? - Mgr Christory, Bispo de Chartres

 Pour quelle raison le carême est-il un temps liturgique précieux ?


Pour quelle raison le carême est-il un temps liturgique précieux ?

Message #319 du vendredi 28 février 2025

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Christ bénissant - élément architectural de l'ancien Hôtel-Dieu de Chartres - début XIIIème siècle

Exposé au Musée de l'Évêché à Chartres


Le carême rappelle les quarante jours que Jésus passa dans le désert avant de commencer son ministère public, quand le démon le tenta lui proposant un pouvoir soumis à sa puissance. Les évangiles nous enseignent que Jésus résista à ces attaques grâce à la Parole de Dieu, ce qui fit fuir le tentateur, et il fut servi par les anges. Nous y sommes presque, le carême commencera mercredi prochain. Plutôt que de gémir en considérant qu’il s’agit d’un temps de privation, nous pouvons y déceler une merveilleuse opportunité d’un renouveau de la vie spirituelle à la suite de Jésus-Christ qui nous invite à prendre du temps avec Lui pour nous convertir. En accueillant cette période liturgique joyeusement, nous prendrons du recul par rapport à la vie quotidienne pour enrichir notre union à Dieu. Le mot sobriété éclairera cette période liturgique jusqu’à Pâques. Nous servirons nos frères et sœurs selon les appels de l’Esprit. Nous partagerons un peu de notre temps et de nos ressources pour aider ceux qui sont dans le besoin. Pour vivre avec régularité ces quarante jours, vous trouverez de nombreuses applications sur vos smartphones et des parcours sur Internet comme celui des dominicains. Aussi réjouissons-nous en vivant le mercredi des cendres dans le jeûne et la prière, en invitant des proches à cette messe des cendres qui, si elle est sobre dans sa liturgie, est remarquable par le grand récit de saint Matthieu et par l’appel à la conversion qui y retentit « convertis-toi et crois à la Bonne Nouvelle ». Jésus dans ce passage demande que le disciple prie, partage et jeûne dans le secret, sans ostentation, dans le silence de sa maison. Lors de cette messe des cendres, le prêtre utilisera peut-être en imposant les cendres sur le front la formule plus traditionnelle « Souviens-toi que tu es poussière et que tu redeviendras poussière », ce qui est vrai. Cependant en attendant de redevenir poussière, il est de notre responsabilité de nous convertir en accueillant en vérité la grâce divine et en ôtant de nos vies ce qui ne plaît pas au Seigneur. La prière permettra de discerner quelles purifications nous pourrons opérer en vue d’une vie authentique de disciple à la lumière des saintes Écritures.

 

Alors que nous approchons de la fête de Pâques, j’ai la joie de lire de nouvelles lettres de catéchumènes et j’en suis édifié. Je vois comment ces personnes se sentent accompagnées par Dieu et qu’elles se sont appuyées sur l’espérance que Jésus est présent. Très souvent, il y a eu le témoignage d’un proche, d’une grand-mère, d’un témoin, d’un ami étudiant et chrétien, qui a donné un signe par une invitation pour une messe ou un temps de prière. Alors ce qui était encore flou et obscur s’est éclairé, alors les mots de Jésus sont entrés dans le cœur de la personne, alors la bonté partagée dans la communauté chrétienne a été le signe d’un amour divin vécu par ses membres. Le choix d’être baptisé est devenu une évidence, même si le chemin de la foi nouvelle comporte des doutes. Je vous partage ces mots d’une jeune femme catéchumène « j’ai accepté Jésus même si je ne le connaissais pas. Jésus a transformé ma vie et à tout jamais je veux vivre selon ses commandements. Dans ma vie précédente, j’étais colérique, susceptible, méchante, nonchalante mais, par la grâce de Jésus-Christ et la force du Saint Esprit, cette personne est morte et je suis une créature nouvelle dans le nom puissant de Jésus-Christ. Mon cœur est rempli de joie quand je me souviens que Jésus m’aime et qu’il est mort pour moi. » La renaissance est en route, l’enfant nouveau va renaître des eaux baptismales à Pâques. La prophétie de Jésus qui affirme au juif Nicodème qu’il faut renaître d’en-haut est confirmée (Jn 3), elle s’accomplit chaque fois qu’un catéchumène est immergé dans la mort de Jésus et qu’il ressuscite avec lui ; alors ses péchés passés sont effacés et il reçoit le beau nom d’enfant de Dieu afin de proclamer à son tour la joie du Royaume. Cela se vivra lors de la vigile pascale, le samedi 19 avril, dans nos paroisses. Dans le diocèse de Chartres, cent six personnes recevront le baptême et deviendront néophytes durant une année, le temps nécessaire pour apprendre à marcher en chrétien et continuer leur découverte de la vie sacramentelle, particulièrement l’eucharistie et la confession des péchés. 

 

Dans mes messages précédents, je vous parlais de l’éducation de la conscience tellement importante pour les jeunes enfants afin qu’ils discernent le bien d’un acte et qu’ils puissent refuser le mal. Les adultes découvrant la foi en Jésus-Christ et l’accueillant par les sacrements de l’initiation, découvrent les lieux de conversion que la Sagesse divine leur dévoile peu à peu. Ce n’est pas du tout évident selon les situations personnelles. Le baptême peut bouleverser nos relations sociales si celles-ci nous détournent des voies évangéliques, ou nous inciter à changer de métier si celui-ci ne peut être pratiqué selon l’évangile et l’enseignement de l’Église, ou encore nécessiter une modification de nos relations affectives et sexuelles si celles-ci ne sont pas au service d’un authentique projet de mariage sacramentel. Parfois, tout en cherchant à plaire au mieux au Seigneur, tout ne peut pas être transformé. Si le but apparaît clairement, les moyens pour l’atteindre manquent en partie et des obstacles demeurent. Ainsi la vie du chrétien, et particulièrement celle du nouveau baptisé, progresse au long des années en améliorant peu à peu ce qui peut l’être. Il faudra souvent de la patience et de l’humilité tout en conservant les yeux fixés sur le Christ qui guide ceux et celles qui s’engagent à sa suite avec bonne volonté. Jésus ne nous juge pas, il est là, il marche avec nous, il nous guide. Ne nous décourageons pas face à ce travail de renaissance, la joie est là, et si nous la partageons en communauté nous ne sommes pas seuls. Pour cela, le temps du carême peut être l’occasion de vivre chaque semaine une rencontre à domicile, en fraternité ou en maisonnée, comme certaines paroisses les proposent, pour une lecture de l’évangile, un partage, une prière et un moment convivial. Pourquoi lors de ce carême ne pas faire un appel dans votre paroisse en proposant une liste d’inscription ? Puis en constituant des groupes de huit personnes selon les lieux de résidence. Osons nous lancer, cela peut être une magnifique expérience, chacun apportant le fruit de sa préparation et de sa méditation. Ce sera l’espace pour vivre la joie des premiers disciples dont nous parle saint Luc dans les Actes des apôtres : « chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur » (Act 2,46). On lit même cette joie alors que les disciples sont rejetés et qu’ils persévèrent dans leur louange confiante : « ils étaient remplis de joie et d’Esprit Saint » (Act 13,52).

 

Concluons ce message par la prière. Tous nous recevons des intentions de prière, certaines nous sont confiées par des amis et la situation du monde politique est en soi une intention. Comment faire advenir la paix lorsque les puissants du monde utilisent leur force comme une arme braquée vers d’autres peuples ? Durant ce carême, je vous invite à prier pour la paix et aussi pour notre saint Père, le pape François, dont la fragile santé nous inquiète. Bien entendu, avec notre foi en la providence de Dieu, nous le savons en bonnes mains. Et si Dieu l’accueillait bientôt dans son éternité, nous pourrions témoigner de son ardeur à annoncer le Royaume de Dieu en visitant ses frères de tous pays et à rappeler que la première place est réservée aux petits et aux pauvres. « Bienheureux serviteur, entre dans la maison de ton maître ! » lui dira Jésus. Nous l’avons si souvent vu en partance vers des pays lointains, avec sa chaise roulante, ne ménageant pas sa peine. C’est donc une intention urgente de prière que nous confions par les mains de la Vierge Marie et des saints vers qui nous aimons nous tourner et qui intercèdent face à Dieu comme le dit le livre de l’Apocalypse en chantant la sainteté de Dieu « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu, le Souverain de l’univers, Celui qui était, qui est et qui vient (Apo 4,8) ». Jésus a promis de nous préparer une place dans la Gloire éternelle afin de nous prendre avec Lui lorsque ce sera la jour. N’est-ce pas une belle promesse ? 

 

Notre-Père

+ Phillipe Christory, Evèque de Chartres

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